Le maillot de football, nouvel essentiel ?

Avr 22, 2025 | Style

Autrefois cantonné aux stades et aux supporters en liesse, le maillot de football s’est mué en pièce iconique du vestiaire contemporain. Aujourd’hui, il transcende son héritage sportif pour incarner une déclaration de style, entre nostalgie culturelle et expression individuelle.

Du terrain aux défilés, le jersey s’affiche partout. Chez Adidas, ce tournant stylistique est pleinement assumé. En 2023, la marque aux trois bandes s’illustre d’abord avec Balenciaga, fusionnant lignes sportives et silhouette couture. Une union qui ancre un peu plus le sportswear dans l’univers du luxe.

Mais c’est surtout sa collaboration avec Grace Wales Bonner qui marque les esprits : en réimaginant le maillot de l’équipe nationale jamaïcaine, la créatrice injecte sophistication et émotion dans cette pièce chargée d’histoire. Le succès est tel qu’une relation durable se noue entre la marque allemande et la styliste londonienne. Peu après, la Samba – mythique sneaker liée à l’univers du ballon rond – est rééditée et devient un must-have, adoptée aussi bien par les amateurs de vintage que par la Gen Z.

Toujours à l’écoute des nouvelles habitudes de consommation, Adidas franchit un cap supplémentaire au printemps avec l’ouverture d’un pop-up store 100 % seconde main dans le Marais. Un événement qui séduit fans de thrifting et créateurs de contenu, et qui confirme : le maillot de foot, qu’il soit neuf ou vintage, s’impose comme un essentiel du quotidien.

L’essence d’un symbole

À l’origine, le maillot est synonyme d’appartenance, de fierté, de soutien à une équipe. Il raconte des histoires de clubs et de territoires, en particulier dans des villes comme Londres où cohabitent une multitude d’équipes. Peu à peu, il dépasse les rivalités sportives pour devenir un uniforme de la vie urbaine.

Le tournant mode s’opère en 2018, lors de la Coupe du monde : Kim Jones signe une collection pour Nike baptisée Football Reimagined, pendant que Virgil Abloh, fraîchement arrivé chez Louis Vuitton, propose sa propre vision du jersey. Le streetwear s’empare du phénomène. Les maisons de luxe suivent, flairant le potentiel générationnel de cette pièce longtemps restée dans les gradins.

Acne Studios x Kappa 

Dernier exemple en date : Acne Studios collabore avec Kappa, pionnière du sponsoring sportif (notamment avec la Juventus en 1979). La collection, ancrée dans l’esthétique bloke-core — cet esprit casual venu des tribunes britanniques — revisite les codes du supportérisme chic.

À la clé : jerseys à manches longues, sacs bowling, t-shirts techniques et tracksuits aux teintes pastel. Le motif flamme, fil conducteur de la capsule, évoque la ferveur des stades dans une version plus douce et mode.

Quand le maillot devient terrain d’expression

Certain·es créateur·ices repoussent encore plus loin les frontières du style. Chez Koché, les maillots se transforment en robes patchwork. La Brésilienne Renata Brenha en fait des pantalons plissés. Sur les réseaux, des talents émergent : Mia Miranda Marquez détourne un maillot du Mexique en crop top froncé, tandis que Rémy Boutareau, diplômé des Beaux-Arts d’Anvers, ose une robe de mariée inspirée du PSG et de Mbappé.

Entre clin d’œil sportif et innovation créative, le jersey devient toile blanche. Objet d’expérimentation, il se fait l’écho d’une génération qui célèbre la mode libre, circulaire et hybride. Plus qu’un vêtement, il est désormais un manifeste stylistique.