Les DJ, nouveaux visages de l’influence mode

Avr 23, 2025 | Culture

Longtemps en retrait, les DJ se hissent désormais sur le devant de la scène, attirant avec elles les projecteurs… et les maisons de mode. D’abord choisies pour orchestrer l’ambiance des défilés ou signer des sets électrisants lors de soirées privées, elles deviennent aujourd’hui de véritables figures d’influence, capables d’incarner l’ADN des marques bien au-delà de leurs mix. Du front-row aux campagnes de pub, focus sur quatre femmes — dont deux Françaises — qui imposent leur tempo autant dans la mode que dans la musique.

Quand les DJ réécrivent les codes de la mode

De plus en plus de marques s’entichent de profils artistiques hybrides. Si les collaborations entre maisons et artistes ne datent pas d’hier, l’ère actuelle marque une intensification de ces croisements : Pharrell chez Louis Vuitton, Rihanna icône transversale, ou encore A$AP Rocky, chouchou des campagnes mode. Dans cette fusion progressive des mondes, un profil monte en puissance : celui de la DJ.

À la croisée des genres, les DJ ne se contentent plus d’assurer la bande-son des événements. Leur sens du style, leur aura scénique et leur communauté engagée en font des atouts-clés pour les maisons de mode, en quête de récits vivants. Invitées à mixer sur les catwalks ou en aftershows, elles incarnent une image mouvante, vibrante, en phase avec l’air du temps.

Peggy Gou, la nouvelle hit-girl

Figure incontournable du circuit électro, Peggy Gou incarne la DJ star 3.0. Enchaînant les sets comme les collaborations, elle jongle avec les fuseaux horaires autant qu’avec les marques de luxe. Présente au premier rang du défilé Chanel à Paris aux côtés de JR et Raye, au Grand Dîner du Louvre dans une robe Iris van Herpen, ou encore en couverture de magazines influents, la Sud-Coréenne passe du booth aux tapis rouges avec une aisance désarmante. Égérie Gentle Monster, ambassadrice Louis Vuitton, elle a d’abord étudié au London College of Fashion avant d’enflammer les clubs du monde entier.

Avec plus de 4 millions d’abonnés, son influence dépasse la musique : Peggy Gou est devenue une marque à part entière, incarnant l’alliance parfaite entre sonorités avant-gardistes et allure couture.

Honey Dijon, l’icône queer qui fait vibrer la mode

Productrice respectée et DJ de légende, Honey Dijon est bien plus qu’une musicienne. Elle est une voix, un combat, une esthétique. Engagée depuis ses débuts, elle infuse son style et son message queer dans tout ce qu’elle touche. On lui doit la bande-son du défilé Louis Vuitton AH18, une apparition remarquée chez Off-White ou encore des campagnes pour le Burrow Bag.

Créatrice de sa propre marque, Honey Fucking Dijon, elle collabore aussi bien avec Comme des Garçons qu’avec Scholl, brouillant les frontières entre underground et high fashion. Jury du prestigieux International Woolmark Prize cette année, elle incarne une mode politique, libre et inclusive. Présente sur tous les fronts et tous les front-rows, Honey Dijon est une avant-gardiste — au sens pur du terme.

La nouvelle scène parisienne qui a conquis la mode

À Paris, deux figures se démarquent dans la nouvelle scène électro : Andy4000 et Carla Genus. D’un côté, Andy4000, figure des festivals (Calvi, We Love Green…) et DJ attitrée des défilés Jacquemus ou Louis Vuitton. Ce qui fait sa force ? Son approche instinctive : aucun set préparé, juste une connexion immédiate avec la foule, nourrie par ses influences anglaises (UK Bass, drill…).

De l’autre, Carla Genus, DJ et chanteuse, qui mêle les sonorités caribéennes à des expériences mode affirmées : Givenchy, H&M Studio, Marine Serre x Zalando… Son visage s’affiche dans les campagnes Puma et elle siège dans des jurys de talents pour Lacoste ou Courir. Le jour, elle brille au premier rang. La nuit, elle fait danser les plus belles soirées. Avec Andy4000, elles ont même signé une collaboration avec Sneaker Spirit : la boucle est bouclée.