Rencontre avec Léa Germano, fondatrice de Studio Paillette, site de location de vêtements

Juin 13, 2025 | Culture, Fashion, Lifestyle

À deux pas du Vieux-Port, dans une atmosphère à la fois frénétique et suspendue, Sneaker Spirit a rencontré Léa Germano, fondatrice du Studio Paillette, quelques heures avant le défilé qu’elle co-organise avec Maison Salé au Mucem dans le cadre de la Slow Fashion Week de Marseille. L’occasion de plonger dans un univers où chaque détail — accessoire, silhouette, agencement — est porteur de sens. Un lieu où la créativité est collective, l’agitation douce, et le vêtement pensé comme un récit.

Du luxe à la mode circulaire 

Styliste de formation, Léa Germano a fait ses armes dans l’univers du luxe international, de Marc Jacobs à New York à Balmain à Paris. Mais très vite, elle ressent le besoin de s’émanciper d’un système rigide, élitiste et peu durable. En 2020, elle fonde Studio Paillette, un projet hybride basé sur la location de vêtements, accessible à toutes et tous.

Studio Paillette s’articule aujourd’hui autour de deux pôles : un showroom et une agence. L’initiative défend un nouveau modèle d’influence, plus responsable, en proposant des pièces issues de labels émergents ou confirmés (comme Ganni, Essentiel Antwerp ou AMI) en location, sans passer par les traditionnels mécanismes du gifting. Ici, les vêtements circulent, et avec eux, les histoires qu’ils portent.

« Mon rôle, ce n’est pas de créer des produits mais de créer des looks », résume Léa.

Marseille, nouveau terrain d’expression 

Basée à Paris, Studio Paillette livre dans toute la France. Mais c’est bien à Marseille que se joue un nouveau chapitre. À l’occasion de la première Slow Fashion Week marseillaise, Léa s’associe à Lucie, fondatrice de la marque Salé et co-fondatrice du collectif BAGA, pour organiser un défilé inédit le vendredi 13 juin au Mucem. L’objectif ? Ne pas vendre, mais célébrer la création.

@studiopaillette

Le vestiaire est composé exclusivement de pièces upcyclées de Salé, stylisées par Studio Paillette dans un esprit de superpositions audacieuses, jouant avec les formes et les textures. Chaque silhouette devient manifeste, libérée des contraintes commerciales, et donne à voir une mode collective, ancrée dans le récit textile.

« Marseille a un potentiel créatif incroyable », affirme Léa.
« Il fallait un espace pour les talents locaux, mais aussi pour faire venir des créateurs d’ailleurs. » (En train, précise-t-elle en riant.)

Dans les coulisses de la location de vêtements 

Si la location de vêtements reste au cœur de Studio Paillette, Léa ne cache pas que ce modèle reste exigeant :

« C’est un business de logistique. »

Grâce à une levée de fonds, Studio Paillette a développé un outil de suivi des produits, rationalisé les nettoyages, et amélioré les process pour que la location soit à la fois durable et efficace. L’un des combats de Léa : la location au mois, pour permettre aux pièces de vivre pleinement chez différentes personnes. Une robe forte peut être portée quotidiennement pendant un mois… ou juste le temps d’un mariage.

@studiopaillette

70 % des clients reviennent louer après une première expérience. Mais pour beaucoup, le premier pas reste timide : on pousse la porte la veille d’un événement, parfois dans l’urgence. Le showroom, installé à La Caserne à Paris, s’apprête d’ailleurs à accueillir encore davantage de curieux.

Un réseau en mouvement 

Léa sillonne aussi l’Europe : Copenhague, Londres, Milan, New York, à la recherche de labels émergents et de nouvelles manières de faire. À Copenhague, elle découvre le CIFF, un salon à taille humaine où l’intuition guide les choix. Elle touche, elle observe, elle discute. Certaines marques vont jusqu’à envisager une distribution exclusive par la location.

Autour de Studio Paillette, un écosystème se tisse : d’autres projets émergent, d’autres envies circulent. Toutes ont en commun une même ambition : réinventer la mode, loin des logiques figées.

« Ce qu’on construit ensemble, c’est un tissu. »

Un tissu vivant, créatif et mobile — à l’image de cette nouvelle scène mode marseillaise qui invente une mode plus juste, plus libre, plus collective.

Autour de Studio Paillette, un réseau plus large se dessine. D’autres projets, d’autres dynamiques naissent un peu partout, avec une même envie : faire exister la mode autrement. « Ce qu’on construit ensemble, c’est un tissu. »

À suivre :

@studiopaillette

@baga.colectif

@slowfashionweekmarseille