Les bijoux XXL, la tendance qui en impose 

Juil 22, 2025 | Brands, Fashion

Vaquera, Patou, Vaillant… Cette saison, les marques voient les choses en grand. Très grand. Des boucles d’oreilles démesurées, des colliers plastrons sculpturaux, des perles surdimensionnées ou encore des broches théâtrales : les bijoux ne sont plus de simples accessoires. Ils s’érigent en pièces centrales, captant tous les regards sur les podiums comme sur les réseaux sociaux. Zoom sur une tendance qui transforme l’ornement en déclaration.

De l’accessoire discret à la pièce maîtresse

Longtemps relégués à la marge, les bijoux retrouvent aujourd’hui un rôle central dans la construction des silhouettes. Ils ne se contentent plus de souligner un look : ils l’imposent, parfois même au détriment du vêtement. Et ce, y compris lors des défilés de haute couture, où ils rivalisent avec les broderies et savoir-faire d’atelier pour voler la vedette.

C’est bien sûr chez Schiaparelli que le mouvement prend tout son sens. Cette saison, Daniel Roseberry s’éloigne du surréalisme et opte pour une esthétique de l’excès. Les mannequins portent aux bras des piles de bracelets sculpturaux, jusqu’à saturation. Le bijou devient armure, prolongement du corps, langage visuel à part entière.

Même esprit chez Patou, où Guillaume Henry continue d’explorer une féminité assumée, festive et spectaculaire. Ses colliers de perles XXL, superposés en multiples rangs, jouent sur la démesure. Une vision volontairement opposée à la discrétion bourgeoise, qui transforme même la puce d’oreille classique en sculpture affirmée. Ici, l’ornement ne murmure plus : il déclare haut et fort que la féminité peut aussi s’exprimer en grand format.

Quand l’absurde devient revendication

Chez Vaquera, l’automne-hiver 2025 s’amuse avec l’échelle : des perles jusqu’aux genoux, des ceintures dilatées, et même un soutien-gorge devenu robe. Les bijoux sont signés D’Heygere, maison belge connue pour son goût du détournement poétique d’objets du quotidien. Le résultat ? Un ensemble de pièces aussi absurdes que fascinantes, qui questionnent l’utilité même de l’accessoire.

Chez Vaillant, l’extravagance se déplace : peu ou pas de bijoux visibles, mais des ceintures aux allures d’écharpes et des sacs oversize aux boucles exagérées. Une autre manière de souligner cette quête de présence visuelle maximale.

L’héritage des années 80, version 2020’s

Difficile de ne pas penser aux années 1980, où la silhouette féminine se faisait volontairement imposante : épaules larges, or clinquant, perles et exubérance assumée. En 1991 déjà, Chanel empilait les rangées de colliers comme une carapace baroque. Ces excès surviennent souvent en périodes de tension — et notre époque, marquée par l’incertitude, ne déroge pas à la règle.

Aujourd’hui, le bijou démesuré devient une réponse à l’injonction de discrétion, notamment adressée aux corps féminins. Brillants, sonores, massifs, ces ornements occupent l’espace et affirment leur présence. Par leur simple taille, ils deviennent des outils de narration, presque militants, pour dire : je suis là, et je ne m’efface plus.

Bijou spectacle et ère du scroll

La montée en puissance des réseaux sociaux joue un rôle central. Dans un flux d’images constant, un bijou XXL attire l’œil, génère des captures, des partages, des reposts. Les marques l’ont bien compris : les colliers sculpturaux, les broches gigantesques, les boucles ultra-graphiques sont pensés pour le visuel, programmés pour l’algorithme.

Ces parures spectaculaires ne se contentent plus d’orner : elles marquent l’époque, et ancrent une identité visuelle forte dans l’imaginaire collectif. En pleine ère du minimalisme feutré, elles tracent une autre voie : celle d’un style qui revendique l’excès comme langage, et le bijou comme manifeste.

Si l’on devait lire ces accumulations de chaînes, de perles ou de volumes comme un message, ce serait peut-être celui-ci : plus question de s’excuser d’exister. Dans une époque où le bruit visuel est roi, les bijoux s’emparent de l’espace pour mieux raconter qui l’on est.