Événement majeur du calendrier scandinave, la Fashion Week de Copenhague s’est imposée comme la référence mode du Nord de l’Europe. Deux fois par an, la capitale danoise devient un laboratoire de la mode consciente et contemporaine, où acheteurs, journalistes et créatif·ve·s affluent pour repérer les nouvelles tendances — et surtout, les marques engagées. Focus sur 5 labels à suivre de très près cette saison.
Forza Collective : la mode en mouvement
Pour sa quatrième collection, Forza Collective, fondée par Nikolaj Kunsthal, revient à l’essence de son style : fluidité, sensualité et structure maîtrisée. Au cœur de cette saison : des robes longues satinées, parfois légèrement transparentes, qui revisitent le style preppy à travers des chemises-jupons ou des bretelles ultra-fines.



Pensée comme un vestiaire à s’approprier, la collection multiplie les jeux de coupes, comme ce carré qui masque le visage ou ces silhouettes inspirées des années 90. Les textures évoquent la coquille ou la méduse — avec des robes structurées en tutu liquide et des brassières iridescentes. Une proposition à la fois élégante et troublante, tout en légèreté.
Bonnetje : tailleurs désarticulés et mémoire textile
La collection SS26 de Bonnetje, intitulée Breakable, a été présentée dans le cadre du prestigieux programme Fashion in Motion du V&A Museum de Londres, rejoignant des noms comme McQueen ou Westwood.



À la croisée du tailoring et de l’upcycling, Bonnetje redonne vie à des costumes vintage. Ici, un pantalon devient top bustier ; là, un tailleur se féminise ; plus loin, une jupe conserve les vestiges d’une veste. La lingerie ancienne — porte-jarretelles, dentelles, nuisettes retournées — s’infiltre partout. Chaque pièce interroge la circularité du vêtement, entre mémoire, transformation et geste radical.
Rare Review : entre nappes brodées et tech-wear
Basé à Stockholm, Rare Review est le fruit de l’imaginaire de Josephine Bergqvist et Livia Schück. Le duo récupère des textiles domestiques (nappes, draps, tabliers) pour en faire des pièces fortes. Les jupes intègrent parfois des armatures visibles ; les épaules sont soit tombantes, soit accentuées, révélant les mécanismes de fabrication.



Leurs looks sont complétés par des foulards déstructurés, des cravates tordues et des sneakers Puma agrémentées de nœuds textiles. Une mode poétique et brute, qui transforme le familier en manifeste de style.
Skall Studio : romantisme durable
Créée par les sœurs Julie et Marie Skall, Skall Studio est l’un des labels pionniers de la mode éco-responsable danoise. Sans cuir ni fourrure, la marque privilégie les fibres naturelles et durables, avec une confection locale.



Cette saison, elle dévoile une ligne de chaussures inédites, réalisées à partir de bio-matériaux comme le cactus ou l’orange, pour remplacer le cuir. Sur le podium : robes fluides, touches de rouge, denim doux, foulards noués à la taille. Une mode inspirée de la danse, entre lignes épurées et allure champêtre — mais avec une transition vers une silhouette urbaine, plus affirmée.
The Garment : élégance cavalière
Pour le printemps-été 2026, Charlotte Eskildsen plonge The Garment dans l’univers équestre. La collection, minimaliste et structurée, déroule 28 silhouettes dans des tons sobres (beige, brun, blanc, noir) relevés de rose pâle.



Les bottes hautes structurent la jambe tandis que les tissus — popeline, crochet, coton fluide — oscillent entre classicisme et transparence. L’esprit bohème chic affleure dans les volants, les broderies ton sur ton et les accessoires crochetés. Un équilibre parfait entre modernité et héritage, dans une démarche consciente et raffinée.
Entre upcycling créatif, fluidité nordique et engagement écologique, la Copenhagen Fashion Week confirme son rôle de catalyseur pour une mode en mutation. Si Paris, Londres ou Milan restent incontournables, Copenhague s’impose de plus en plus comme la capitale de la mode responsable, audacieuse et résolument tournée vers l’avenir.