Septembre, mois historique pour la planète mode 

Oct 7, 2025 | Culture, Fashion

Le mois de septembre marque toujours un moment fort pour l’industrie de la mode. Mais en 2025, la rentrée revêt une dimension particulière : neuf directeurs artistiques prennent les commandes de maisons emblématiques, redessinant l’équilibre d’un secteur en constante mutation. Un vent de nouveauté souffle donc sur les podiums… même si un constat persiste : la création reste encore largement dominée par des figures masculines.

Une rentrée sous haute tension

Ces derniers mois, l’industrie a été secouée par une série de départs et de nominations stratégiques. Résultat : septembre marque une redistribution des cartes dans les grandes maisons.

  • Rachel Scott vient d’être nommée chez Proenza Schouler, avec une première collection attendue pour janvier.
  • Les fondateurs historiques de la maison, Jack McCollough et Lazaro Hernandez, reprennent quant à eux les rênes de Loewe, succédant à Jonathan Anderson.
  • Ce dernier signe ses débuts chez Dior femme, après avoir déjà présenté sa première collection homme en juin. Un fait historique : il devient le seul créateur, depuis Christian Dior lui-même, à diriger l’ensemble des lignes de la maison.
  • Chez Gucci, Demna est attendu au tournant, avec la mission de relancer une maison fragilisée alors que le groupe Kering traverse une phase délicate.
Mathieu Blazy
Rachel Scott

Parallèlement :

  • Dario Vitale succède à Donatella Versace après vingt-sept années de règne.
  • Louise Trotter prend les commandes de Bottega Veneta, forte de son expérience chez Lacoste et Carven.
  • Le discret Miguel Castro Freitas arrive chez Mugler, avec le défi de moderniser une maison aussi mythique que marquée par son passé.
  • Du côté de Chanel, le départ de Virginie Viard en juin 2024 a laissé un vide, comblé par l’arrivée de Mathieu Blazy à la tête de la création. Un poste qui, avant lui, n’avait été occupé que par Gabrielle Chanel, Karl Lagerfeld et Virginie Viard.

Le plafond de verre persistant

Si ces nominations incarnent un souffle nouveau, une réalité frappe : sur huit premières collections attendues cette saison, une seule est signée par une femme. Une statistique qui souligne une inégalité criante dans une industrie pourtant souvent perçue — à tort — comme féminine.

La tendance est claire : les femmes accèdent rarement à la direction artistique de grandes maisons. Elles construisent le plus souvent leur légitimité à travers leur propre label, comme l’ont fait Vivienne Westwood, Stella McCartney ou encore Victoria Beckham. Dans les maisons historiques, les décisions restent majoritairement confiées à des conseils d’administration masculins, peu enclins à bouleverser l’ordre établi.

Louise Trotter apparaît ainsi comme l’exception de cette rentrée. Son arrivée à Bottega Veneta sera scrutée de près, symbole d’un espoir de rééquilibrage dans un système encore verrouillé.

Un contraste géographique frappant

La sous-représentation des femmes à la tête de directions artistiques s’observe surtout en Europe, particulièrement en France et en Italie. Pourtant, il suffit de changer de continent pour constater un tout autre paysage.

Lors de la Fashion Week de New York Printemps-Été 2026, la présence féminine était bien plus affirmée. Parmi toutes les marques présentées, seule la ligne Valentino Beauty ne comptait pas de femme à sa direction artistique. Un contraste qui illustre combien l’égalité, malgré les discours, reste encore un horizon lointain pour les grandes maisons européennes.