Imprimés d’hiver : ce que les motifs racontent vraiment

Déc 5, 2025 | Brands, Fashion, Style

Pois, fleurs et couleurs vibrantes ont marqué la belle saison. Avec l’hiver, les imprimés changent de ton. Et au-delà de la tendance, ils disent quelque chose de notre rapport au vêtement, à l’histoire et à l’identité. Rayures marines, tartans ancestraux, léopard revisité ou damier façon avant-garde : tour d’horizon des motifs qui façonneront les silhouettes de 2025 — et des récits qu’ils transportent.

Rayures : un motif simple… qui ne l’a jamais été

On les croit anodines. Pourtant, les rayures portent l’un des récits les plus complexes de tout le vestiaire occidental.

Au Moyen Âge, elles font office de marqueur social : elles signalent la marginalité — saltimbanques, prisonniers, musiciens itinérants. Une « stigmatisation textile » qui perdure jusque dans les siècles suivants.

Puis, progressivement, elles se banalisent. En France, dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, les marins adoptent la marinière. On raconte que les rayures facilitent la visibilité d’un homme tombé à l’eau. Mais elles jouent aussi un rôle hiérarchique : ce sont les marins les moins gradés qui les portent.

Au début du XXᵉ siècle, Coco Chanel s’en empare. Dans les années 80, Jean-Paul Gaultier en fait l’un de ses emblèmes. Aujourd’hui, la rayure se réinvente : colorée, joyeuse, inspirée des années 80 et 90.

Carreaux : un motif chargé de culture et de mémoire

Plus que tout autre imprimé, le carreau est celui qui concentre le plus d’héritage culturel.

  • Le tartan, symbole des clans écossais, devient un manifeste punk dans les années 70 lorsqu’il est adopté par Vivienne Westwood.
  • Le vichy, associé à l’imaginaire rural de l’après-guerre, devient iconique sur Brigitte Bardot en 1959.
  • Le pied-de-poule, né dans les années 30, traverse les décennies comme un signe d’élégance bourgeoise.

Cet hiver 2025, ces motifs apparaissent en version patinée, volontiers vieillie, comme si la mode cherchait à renouer avec ses racines. Le carreau devient un repère visuel dans un monde saturé d’informations.

Arlequin : l’exubérance contre l’uniformité

Né dans la Commedia dell’arte, l’arlequin symbolise la ruse, la liberté, la fantaisie. Un imaginaire qui retrouve tout son sens aujourd’hui.

Le motif géométrique multicolore revient par le biais du courant circus-core, qui revisite l’esthétique du cirque à travers ses couleurs vibrantes et son excentricité assumée.Au-delà de la tendance, ce motif exprime un désir profond : rompre avec l’uniformisation, remettre de la narration et du jeu dans le vêtement. L’arlequin transforme la silhouette en scène, et l’individu en personnage.

Léopard : métamorphose d’un classique

S’il existe un imprimé qui a su évoluer avec son époque, c’est bien le léopard. Ancien symbole colonial, puis uniforme de la femme fatale, il a longtemps souffert d’associations excessives. Sa renaissance vient… du sportswear.

Aujourd’hui, Puma, Nike et d’autres marques en font un allié fonctionnel et quotidien. Le motif envahit chaussures, accessoires et vêtements techniques. Le léopard n’est plus un signe de séduction : il devient un marqueur d’assurance, un imprimé facile à intégrer, presque neutre dans certains vestiaires.

Zèbre : le retour sauvage mais graphique

Tandis que le léopard s’est démocratisé, le zèbre prend sa place. La collection Automne-Hiver 2025 de Balmain en témoigne : silhouettes maximalistes, cuissardes monumentales, héroïnes puissantes… mais débarrassées des clichés.

Le zèbre séduit par son contraste franc, son graphisme rare. Il attire l’œil sans tomber dans la surenchère.

Motifs et hiver : un terrain d’expression illimité

Quand les couches se multiplient, les possibilités s’envolent. Pois, rayures, carreaux et animaliers se superposent et dialoguent. Certains motifs reviennent comme des classiques, d’autres se réinventent.

Ce que l’hiver 2025 nous montre surtout, c’est que porter un imprimé revient à porter une histoire :

  • une trajectoire sociale pour les rayures,
  • une mémoire politique pour le tartan,
  • une renaissance contemporaine pour le léopard,
  • une ode à la singularité pour l’arlequin.

Plus que jamais, le motif n’est pas qu’esthétique : il devient un langage.