Née d’un héritage commun et réinventée par une génération diasporique, Air Afrique n’est plus une simple compagnie aérienne : c’est devenu un symbole culturel. Entre Paris, Abidjan et New York, le collectif qui porte son nom multiplie les projets — mode, musique, art et édition — pour faire décoller une nouvelle vision de l’identité africaine contemporaine.
Un héritage transformé en moteur créatif
Avant d’être un projet artistique, Air Afrique fut une compagnie aérienne mythique, fondée en 1961 par onze pays francophones d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Elle symbolisait alors l’indépendance et la coopération panafricaine. À son apogée, elle reliait plus de vingt destinations africaines et plusieurs capitales européennes, jusqu’à New York. Mais la hausse des coûts pétroliers et des difficultés économiques finirent par clouer au sol le rêve commun : la compagnie cessait ses activités en 2002.



Vingt ans plus tard, en 2021, un collectif de jeunes créatifs parisiens issus des diasporas africaines décide d’en faire renaître l’esprit. Leur ambition : faire voyager la culture, non plus dans les airs, mais à travers les imaginaires. De fil en aiguille, Air Afrique devient un label artistique à part entière, célébré pour ses projets à la croisée de la mode, de la musique et du design.
Leur démarche attire vite l’attention : Louis Vuitton, Bottega Veneta ou encore Pharrell Williams collaborent avec eux, séduits par cette réinvention audacieuse d’un pan de mémoire collective.
Du magazine à la scène : un collectif multidisciplinaire
Depuis sa création, Air Afrique multiplie les initiatives. En avril 2025, le collectif lançait le deuxième numéro de son magazine lors d’un événement à l’UNESCO, soutenu par Louis Vuitton — après un premier lancement à Abidjan, l’ancien siège de la compagnie. Véritable plateforme culturelle, le magazine mêle archives, créations contemporaines et réflexions sur les identités diasporiques.


Dans le prolongement, Air Afrique s’est associée à Tiakola pour la sortie du vinyle de BDLM et sa tournée africaine. De cette collaboration sont nés une chemise et un carré exclusifs, rapidement écoulés.
Le collectif organise aussi des ciné-clubs, qui redonnent vie aux grands récits du cinéma africain, et collabore avec Port Tanger, la marque de lunettes maroco-espagnole, pour une série d’objets entre artisanat et modernité.
L’influence d’Air Afrique dépasse désormais le continent : le collectif a été invité à participer à l’exposition « Ideas of Africa: Portraiture and Political Imagination » au MoMA de New York, consacrant son statut d’acteur culturel international.
Une collaboration historique avec Nike
En octobre 2025, Air Afrique franchit un nouveau cap avec une collaboration d’envergure signée Nike. Ensemble, ils présentent la RK61, une paire hybride à mi-chemin entre le mocassin et la sneaker, alliant élégance et symbolique forte :
- une bulle d’air visible,
- un zip frontal,
- un intérieur en tartan, clin d’œil aux sièges originaux de la compagnie aérienne,
- et un nom inspiré du code de vol historique.
Le lancement a donné lieu à une série d’événements : un gala à l’Élysée Montmartre le 3 octobre pendant la Fashion Week, suivi d’un pop-up à Paris les 4 et 5 octobre. Fidèle à ses valeurs communautaires, le collectif a limité les achats à une paire par personne, pour éviter la spéculation.


Le 7 octobre, un événement au Dover Street Market précédera la sortie officielle prévue le 9 octobre.
La campagne est incarnée par Didier Drogba, symbole parfait de ce que représente Air Afrique : rassembler les mondes sans jamais renier ses origines.
Une nouvelle ère pour l’identité panafricaine
En moins de quatre ans, Air Afrique est passée d’un hommage à une véritable plateforme culturelle internationale. En réinventant les symboles du passé, le collectif en fait les moteurs d’un futur créatif, inclusif et mondialisé.
De la cabine d’avion à la scène artistique, le voyage continue — mais cette fois, sans escale.