FiveFingers : la chaussure minimaliste qui divise (et fascine)

Juin 4, 2025 | Brands, Fashion

Objet de moqueries pour les uns, véritable révélation pour les autres, la FiveFingers signée Vibram continue de cultiver sa différence. Insolite, ultra-confortable et farouchement à contre-courant, cette chaussure à orteils séparés détonne dans le paysage footwear. Et si elle devenait, contre toute attente, la sensation de l’été en Belgique ?

Créées en 2005 par la marque italienne Vibram, les FiveFingers n’ont pas été pensées pour flatter l’œil au premier regard, mais pour transformer la façon de marcher. Inspirées de la course pieds nus (barefoot running), elles promettent un contact direct avec le sol, un meilleur équilibre, une posture améliorée, et un renforcement musculaire ciblé. Leur secret ? Une semelle ultra-fine, une ergonomie qui épouse chaque orteil, et une promesse de liberté de mouvement inégalée.

Adoptées d’abord par les amateurs de trail, d’escalade ou de yoga, ces chaussures ont très vite dépassé leur niche sportive pour intriguer une communauté plus large. Minimalistes et disruptives, elles ont su séduire autant que irriter, devenant rapidement un sujet de débat… voire un symbole.

Une esthétique clivante devenue culte

Avec leur silhouette singulière, les FiveFingers provoquent. On les adore ou on les déteste — rarement entre les deux. Moquées pour leur allure « de pieds de grenouille », elles n’en attirent pas moins les curieux. Car dans une époque où les « ugly shoes » (de la Crocs à la Balenciaga Triple S) envahissent les placards des plus pointus, la FiveFingers s’inscrit dans une tendance bien réelle : celle d’un style sans compromis.

Ce regain d’intérêt s’explique aussi par un retour du minimalisme fonctionnel et une envie croissante d’explorer des alternatives. Les FiveFingers ne séduisent pas que pour leur look décalé, mais pour ce qu’elles incarnent : une autre manière de se mouvoir, de s’habiller, de vivre.

Vers de nouveaux modes de vie ? 

Car oui, au-delà de l’aspect esthétique, la FiveFingers porte une philosophie. Celle d’un retour au corps, au sol, à l’essentiel. En chaussant ces souliers atypiques, on fait un pas — presque au sens littéral — vers une forme de reconnexion au vivant. C’est un geste assumé, à rebours des conventions, une façon de se libérer des diktats de la mode et du paraître.

Ce n’est donc pas qu’une chaussure, mais une déclaration. Et dans un monde de plus en plus attentif à la conscience corporelle, au bien-être et à la durabilité, elle trouve une résonance nouvelle. Un pied de nez aux standards ? Certainement. Mais surtout une invitation à marcher différemment.

Dans la sphère mode

Il fallait s’y attendre : la mode n’a pas tardé à flairer le potentiel subversif de la FiveFingers. Avant même sa collaboration avec Balenciaga ou les créateurs japonais de Suicoke, elle avait déjà convaincu une poignée d’initiés, toujours à l’affût de pièces provocantes. Dans le sillage des Tabi boots de Maison Margiela, elles s’imposent comme une suite logique dans l’exploration d’esthétiques alternatives.

D’abord prisées par une clientèle majoritairement masculine, elles séduisent aujourd’hui un public de plus en plus large. Notamment des femmes, stylistes ou influenceuses, qui les détournent avec audace. C’est le cas de la créatrice de contenu et chanteuse Mélissa Bon, adepte assumée du mix & match stylistique, qui les associe aussi bien à des tenues sport que plus féminines. De quoi leur offrir une nouvelle légitimité mode.

Longtemps jugée trop étrange pour le grand public, la FiveFingers suit peut-être le même chemin que d’autres ugly shoes devenues cultes. À l’intersection du confort radical, de l’innovation technique et de la rupture esthétique, elle séduit une génération en quête de sincérité et de sensations vraies.

Finalement, ce n’est peut-être pas une chaussure que l’on porte uniquement pour marcher, mais pour affirmer quelque chose de plus grand : une manière d’être au monde.

Article de Julie Boone.