Le revival du polo sport 

Août 4, 2025 | Brands, Fashion

Longtemps cantonné aux courts de tennis ou aux tenues de vacances de la bourgeoisie, le polo signe un retour inattendu — et très remarqué — dans le paysage mode actuel. Porté avec un bermuda baggy, des sneakers montantes ou un pantalon workwear, il brouille les pistes entre chic décontracté et streetwear pointu. Décryptage d’un basique en pleine mutation.

D’un terrain de tennis à une icône mondiale

Le polo, tel qu’on le connaît, naît dans les années 1920 grâce à René Lacoste. À une époque où l’on joue encore en chemise et cravate, le champion imagine un haut plus fonctionnel : manches courtes, coton piqué, col souple. Une petite révolution textile. En 1933, il fonde sa marque, Lacoste, et démocratise la pièce dans des coloris inédits.

En parallèle, le Royaume-Uni voit émerger une autre version, plus fine, plus estivale : la marque Riviera propose un polo léger, idéal pour flâner sur la Côte d’Azur. Très vite, il passe des courts à la plage, des clubs privés aux garde-robes du grand public.

À partir des années 60, le polo se fait caméléon. Il habille aussi bien les élites américaines — John F. Kennedy en tête — que les étudiants Ivy League. Il devient aussi un marqueur culturel en Jamaïque, où les rude boys l’adoptent dans des versions crochet hyper colorées. Sans oublier Ralph Lauren, qui en fera un emblème du style preppy.

Et si cette pièce a longtemps été dominée par les hommes, les années 2000 marquent un tournant : le polo s’invite enfin dans les vestiaires féminins, avec une toute nouvelle énergie.

Des podiums aux collabs : le polo en version couture

Tout commence (ou recommence) avec la collection printemps-été 2024 de Miu Miu. Le label italien détourne le polo avec brio : superposé à une chemise, manches roulottées, col sur col, et associé à une micro-jupe. L’effet ? Une silhouette à la fois désinvolte et travaillée, que l’on retrouve aussi bien avec un short en lin qu’un jean brut.

L’année suivante, le phénomène prend de l’ampleur. Balenciaga met en scène Romeo Beckham en polo cropped à rayures roses, clin d’œil aux années 2000. Loewe opte pour une version en laine grise ultra mini, flirtant ouvertement avec le sexy sage.

Côté collaborations, l’union récente entre Comme des Garçons et Fred Perry montre à quel point le polo reste un terrain de jeu pour les créateurs : tantôt chic britannique, tantôt touche punk.

Comment l’adopter en 2025 ?

Inspirée par le titre Polo de la chanteuse Kim Petras, la tendance se décline aujourd’hui au féminin avec des associations audacieuses : mini-jupe, plateformes, polo ultra-moulant — presque translucide — et attitude assumée.

Mais la force du polo réside dans sa versatilité. Oversize, il se porte comme une robe ou une tunique, boutons ouverts et épaules dénudées, à la façon de l’influenceuse Marie-Victoire Tiangue, qui affectionne les versions à rayures ou aux couleurs vives.

En Belgique comme ailleurs, la pièce se fait caméléon. Elle peut autant évoquer le vestiaire Ivy League que celui d’une soirée électro à Gand ou d’un skatepark à Anvers. En 2025, le polo se porte sans mode d’emploi : manches retroussées, col tordu, accessoirisé ou dépouillé. Il est aussi à l’aise sous une veste de tailleur que glissé dans un baggy en jean délavé.

En jonglant entre ses origines sportives, son ADN chic et sa vibe street, le polo réussit l’exploit de traverser les époques sans jamais perdre sa pertinence. Une pièce hybride, multigénérationnelle, qui incarne parfaitement l’esprit mode actuel : libre, fluide, sans règles imposées.

Article de Julie Boone