L’été s’efface doucement, mais pas question de reléguer nos pièces favorites au fond de l’armoire. Grâce au layering — ou « superposition » en anglais —, on apprend à jouer avec les couches pour prolonger la belle saison. Entre héritage historique, nostalgie Y2K et météo capricieuse, ce geste vestimentaire est devenu une véritable déclaration de style.
Une pratique née de la nécessité
Bien avant d’être un terme tendance, le layering était une question de survie. Dans un monde sans textiles techniques ni matières thermorégulatrices, c’était l’empilement des couches qui permettait de retenir la chaleur.
Rapidement, la superposition a pris une dimension sociale. Dans les classes privilégiées, notamment au XIXᵉ siècle, le rituel de l’habillage relevait d’une véritable mise en scène. Dessous, corset, robe, sur-robe : autant d’étapes qui nécessitaient l’aide d’une tierce personne. Plus qu’un geste pratique, il traduisait un statut social… mais aussi une forme de contrainte. Être corsetée, c’était limiter ses mouvements et se plier aux normes imposées au corps féminin.
Aujourd’hui : un terrain de jeu stylistique



Au fil du temps, la pratique s’est émancipée pour devenir synonyme de créativité et de liberté. Le layering actuel permet surtout de faire durer l’été.
- La robe nuisette, star des vacances, se porte désormais sur un jeans et se glisse sous un pull oversize.
- Le paréo, autrefois réservé au sable chaud, se transforme en jupe ou sur-jupe asymétrique. La créatrice de contenus Pauline Leroy en a fait sa signature, en jouant avec les volumes et les contrastes sans alourdir la silhouette.
Chaque couche devient une option à retirer ou à ajouter selon l’humeur et la météo, rendant la silhouette évolutive et vivante.
Un héritage Y2K revisité
Impossible d’évoquer la superposition sans se rappeler les années 2000, décennie où « plus » signifiait toujours « mieux ». Jeans taille basse, jupes à sequins portées par-dessus, tops empilés et accessoires clinquants : l’icône Ashley Tisdale incarne à elle seule cette esthétique surchargée.
Aujourd’hui, deux écoles se dessinent :
- Les adeptes d’une harmonie sobre, qui misent sur des pièces intemporelles aux teintes neutres.
- Les héritiers de l’esprit Y2K, qui superposent matières et couleurs sans peur du décalage.
Dans les deux cas, tout repose sur une base solide : un blazer structuré, une robe asymétrique ou un pantalon fluide, qui sert d’ancrage avant de jouer avec les ajouts.
Plus qu’une astuce mode



Le layering contemporain ne se limite pas à réchauffer une silhouette. Il traduit un rapport multiple et mouvant au vêtement :
- Héritage pratique et social,
- Outil esthétique pour prolonger l’été,
- Geste créatif qui raconte une histoire — celle d’un tissu recyclé, d’un souvenir de vacances, d’un vêtement détourné.
En empilant les couches, on brouille les codes, on refuse la silhouette figée. Le layering devient une narration visuelle, parfois même un acte politique : affirmer sa liberté, détourner les normes et imposer son propre rythme.
En 2025, superposer n’est donc pas qu’une question de style. C’est une manière d’habiter la saison, de prolonger l’été et de donner au vêtement un rôle inédit : celui de raconter, couche après couche, une histoire personnelle.