Cette saison new-yorkaise n’a pas seulement montré des vêtements : elle a interrogé nos représentations. Entre réinterprétation des archétypes, nouvelles lectures de la féminité et exploration des questions de genre, les créateurs ont livré des propositions aussi fortes que nuancées. Retour sur six temps forts de la New York Fashion Week.
New York comme point de départ
La ville elle-même s’est imposée comme source d’inspiration. Chez Calvin Klein, Veronica Leoni revisite les symboles maison : l’élastique iconique des sous-vêtements devient détail premium, les tailleurs empruntent à la coupe kimono et les décolletés carrés révèlent des dessous affirmés. Une deuxième collection qui enrichit déjà sa galerie de personnages.



Sandy Liang puise dans Chinatown et dans l’élégance discrète des grand-mères du quartier. Résultat : une mode girly assumée, faite de pastels, vichy, dentelles et boutons oversize. Un hommage intime à ces figures souvent invisibles.
Côté beauté, Valentino Beauty a réveillé le mythique Studio 54 le temps d’une soirée. Cher et Lenny Kravitz étaient présents, comme pour rappeler que la mémoire collective s’écrit aussi en club. À en croire l’influenceur @Lyas : « it was so good ».
Redéfinir la féminité
La sensualité n’est plus le seul langage de la féminité. Chez Tory Burch, les jupes s’arrêtent sous le genou, les lignes sont nettes, et les couleurs franches (rouge, jaune, bleu) injectent une vitalité contenue. Chez Khaite, Catherine Holstein cultive une tension mesurée : textures riches, coupes précises, silhouettes émergeant de la brume. De son côté, Tibi (Amy Smilovic) s’inspire du brutaliste architectural pour explorer les contrastes, entre rigueur et fluidité.
Jeux de genre et d’ombres
Collina Strada propose une mise en scène forte : chaque mannequin est suivi de son double, vêtu en noir, comme une ombre. Un dispositif qui transforme une robe de mariée en robe de deuil selon la couleur, soulignant la manière dont le contexte influe sur la lecture d’un vêtement.



Chez Khaite, la brume volontairement dense masquait partiellement les looks. Un pari risqué mais efficace : forcer le spectateur à prendre le temps de voir, plutôt que de consommer l’image immédiatement.
La précision comme manifeste
Dans un secteur dominé par la vitesse, certains rappellent l’importance du temps long. Catherine Holstein de Khaite valide personnellement chaque pièce, fidèle à son credo : « your best marketing tool is good product ».



Collina Strada, d’ordinaire exubérante, a joué la retenue en déclinant un même patron en plusieurs couleurs. Une démonstration de savoir-faire, sans artifices.
Une mode qui réfléchit autant qu’elle séduit
De Chinatown aux plages de brume, des clubs mythiques aux podiums silencieux, cette NYFW a montré des collections pensées comme réponses aux ambiguïtés du monde. Intimes ou collectives, personnelles ou politiques, toutes convergent vers une même volonté : ralentir, réfléchir et raconter autrement. Le vêtement n’est plus simple tendance : il devient médium, espace de dialogue entre soi et la société.