Alors que le monde traverse une période de crispation, la mode, elle, semble vouloir s’échapper. Direction les années 70 : une décennie synonyme de liberté, d’expressions plurielles et de réinvention stylistique. Aujourd’hui, ce souffle seventies revient hanter les podiums, les célébrités… et nos dressings. Décryptage d’un retour aussi esthétique que symbolique.
La mode en quête de légèreté
Franges, coupes amples, matières naturelles, imprimés fleuris et vibes mystiques : la silhouette bohème des seventies revient s’imposer comme antidote à l’austérité ambiante. Dans un contexte saturé de tensions, cette esthétique légère et insouciante devient un refuge, un moyen d’exprimer un besoin d’ancrage… sans renoncer au style.
Certaines marques en ont fait leur tampon : Isabel Marant, Chloé, Zimmermann ou encore Saint Laurent déclinent robes aériennes, blouses romantiques et lunettes oversize à verres teintés. Le tout ponctué d’accessoires quasi-spirituels — pierres semi-précieuses, sautoirs superposés, talismans — comme pour conjurer le réel. Une manière de porter la mode comme une armure douce, protectrice.



Côté look au quotidien, la tendance se glisse par petites touches : une veste en cuir usé sur une blouse en dentelle, un bandana noué dans les cheveux, ou encore des pantalons flare associés à des sandales plateformes. Les années 70 sont là, discrètes ou assumées, mais toujours prêtes à insuffler un vent de liberté.
Flare et liberté : les hommes s’y mettent aussi
Et ce revival ne concerne pas que les femmes. Chez les hommes aussi, le jeans flare signe un retour (presque) surprise. Jules Koundé, défenseur de l’équipe de France, a récemment fait le buzz à Clairefontaine avec un look très seventies : jeans flare, santiags à talon et allure rock. Résultat ? Une silhouette rétro qui fait débat… mais qui marque.
Même Kendrick Lamar s’y met : lors de sa performance au Super Bowl, il portait un denim évasé signé Celine, associé à une veste en cuir Martine Rose et à sa casquette New Era. Un mix & match parfait entre héritage 70s et culture urbaine. Son look, salué pour son audace, prouve que le vestiaire masculin peut lui aussi flirter avec des lignes plus fluides.

Avant eux, Pharrell Williams, avait déjà commencé à réactiver les codes seventies dans ses collections. Mais il faut remonter à Calvin Klein, dans les années 70, pour retrouver le moment fondateur : quand le jeans, jusque-là utilitaire, devient une pièce mode.
Le denim flare, aujourd’hui, continue de diviser : les femmes s’en sont emparées, en quête de silhouette allongée et de fluidité. Les hommes, eux, hésitent encore. Mais ceux qui osent y trouvent un terrain d’expression singulier, hors des diktats habituels.
Une sneaker dans le vent : la New Balance 471
Côté sneakers, l’icône du moment, c’est la New Balance 471. Ce modèle, directement inspiré de la mythique 320 des années 70, surfe sur la nostalgie sans tomber dans le cliché. On y retrouve tout : le mesh respirant, le daim souple, des teintes délicatement patinées (crème/lilas, bleu/rouge, rose poudré/gris) et une silhouette légère, pensée pour la vie en mouvement.



Dans la campagne actuelle, la 471 se porte avec un flare et un polo court, ou une mini-jupe pour un look “back to school” très seventies. Et si Kendrick Lamar l’arborait demain ? Ce serait presque logique : tout dans sa dégaine actuelle évoque ce pont entre l’héritage et la modernité.
Ce revival ne tient pas qu’à une esthétique. Il incarne aussi un besoin : celui de ralentir, de retrouver un rapport plus sensoriel aux vêtements, de remettre du sens — et du jeu — dans le style. Les années 70, avec leur patchwork d’idéaux et de formes, deviennent alors une source d’inspiration infinie. Ni passéiste, ni muséale : juste libre.