Pourquoi le sac fourre-tout est notre nouvel indispensable mode ? 

Juin 2, 2025 | Culture, Fashion

Qu’on soit en escapade urbaine ou en week-end à la mer, le fourre-tout signe son grand retour. Porté nonchalamment sur l’épaule, à la main ou coincé sous le bras, il s’impose comme une pièce maîtresse du quotidien. Volumes généreux, matières naturelles ou cuir souple, du cabas XXL au Birkin ultra-personnalisé à la manière de Jane Birkin, focus sur l’accessoire le plus versatile de la saison

Certains sacs sont faits pour être vus, d’autres pour vivre. Le fourre-tout appartient à cette seconde catégorie. Désinvolte, fonctionnel, parfois un peu chaotique, il contient un univers entier. Tour à tour sac de plage, cabas de marché ou modèle chic à l’allure décontractée, il revient à contre-courant de la tendance mini qui a dominé ces dernières années. Même Jacquemus, roi du format XXS, a cédé à l’appel du pratique en lançant des modèles plus spacieux.

Dans les années 80, Jane Birkin a bouleversé les codes en malmenant avec élégance le sac qui porte son nom. Loin des vitrines millimétrées d’Hermès, elle l’utilisait au quotidien, débordant de papiers, griffé, couvert de breloques et d’objets personnels. Un usage libre et incarné, qui résume parfaitement l’esprit du fourre-tout : imparfait mais profondément sincère.

Petite histoire du fourre-tout 

Pensé pour accueillir « tout et n’importe quoi », le fourre-tout a toujours été un sac de terrain. Celui qu’on emporte sans y penser, prêt à recueillir livre, gourde, laptop, pull ou trousse de maquillage. À l’opposé du sac bijou, il incarne une approche intuitive et pragmatique du style.

Ses racines remontent aux sacs en toile utilisés par les livreurs et les postiers au début du XXe siècle, puis détournés dans les années 60 et 70 par les vacanciers en quête de légèreté. Minimaliste, robuste, sans doublure ni compartiment, il symbolise une forme de liberté fonctionnelle. Très vite, il devient aussi un médium d’expression : affichant slogans, œuvres ou revendications. Sur les épaules des étudiants, artistes ou activistes, il devient le porte-voix du contenu plus que du contenant. Aujourd’hui, il revient dans des versions raffinées, sans rien perdre de son ADN utilitaire.

Le Birkin selon Jane

Icône d’un chic sans effort, Jane Birkin a redéfini les contours du luxe avec son sac éponyme. Pensé à l’origine comme un fourre-tout chic, le Birkin est né d’une anecdote devenue mythe : une rencontre dans un avion avec le PDG d’Hermès, à qui elle confie ne jamais trouver de sac à la fois beau et grand.

Pour elle, le Birkin était un outil du quotidien : griffé, customisé, souvent trop rempli. Il ne se contentait pas de compléter une tenue — il racontait une vie. Carnets, journaux, souvenirs, grigris en tout genre s’y entassaient dans un joyeux désordre. Bien loin de l’objet de collection figé, le Birkin selon Jane incarne une élégance habitée, jamais figée.

Ce rapport désacralisé au sac continue d’inspirer. En assumant l’imperfection et l’usure, Jane Birkin a prouvé qu’un sac, aussi précieux soit-il, devait avant tout vivre. À l’heure où certains modèles ne sortent jamais de leur boîte, cette philosophie pragmatique et poétique sonne comme un manifeste.

Le sac XXL, nouvel objet de désir 

Le come-back du fourre-tout n’est pas un simple phénomène de mode : il répond à un véritable besoin. Dans une époque où les journées se fragmentent et les fonctions se superposent, il incarne la flexibilité, l’adaptabilité et une forme d’authenticité retrouvée.

Les marques l’ont bien compris. Chez The Row, les sœurs Olsen ont fait du modèle Margaux un classique en version oversize. Chez Ferragamo, Loewe ou Lemaire, les déclinaisons jouent la carte du minimalisme fluide, pensé pour accompagner les mouvements sans contrainte. Plus confidentielle, Amy Shehab propose des modèles vastes et élégants, en cuir vernis ultra souple, conjuguant style et praticité.

Plus qu’un simple accessoire, le fourre-tout devient un miroir de nos vies hybrides. À la croisée du fonctionnel et du désirable, il incarne une nouvelle manière de consommer la mode : plus libre, plus souple, moins rigide. Un retour à l’essentiel, où le style épouse le rythme du réel — sans jamais en sacrifier l’allure.

Article de Julie Boone.