5 marques à suivre de près pendant la prochaine Fashion Week Hommes  

Juin 6, 2025 | Brands, Fashion

La Fédération Française de la Haute Couture a levé le voile sur le calendrier officiel de la prochaine Fashion Week Hommes, prévue à Paris fin juin 2025. Dans la sélection de Sneaker Spirit, cinq marques émergentes — dont deux finalistes du prestigieux prix ANDAM — incarnent la relève d’une mode masculine en pleine mutation. Entre activisme, poésie textile et expérimentation formelle, elles insufflent une énergie nouvelle aux podiums

Alors que la Fashion Week de juin s’apprête à célébrer les expressions contemporaines du vestiaire masculin et genderless, ces cinq labels bousculent les codes établis. Moins médiatisés que les grands noms de la couture, mais particulièrement influents dans les cercles créatifs, ils explorent chacun à leur manière les marges, les genres, les narrations. De Jeanne Friot à Ziggy Chen, voici les voix à suivre.

Jeanne Friot ou l’armure politique

Souvenez-vous : une Jeanne d’Arc en armure, marchant au bord de la Seine pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques. Derrière cette silhouette puissante, on retrouve Jeanne Friot. La créatrice française, étoile montante de la scène genderless, conçoit chaque pièce comme une déclaration politique.

Son emblème : l’armure. Symbole de lutte pour l’inclusivité, elle est omniprésente dans ses collections. Elle se décline en cuissardes bardées de boucles, en tee-shirts revendicatifs comme celui qui proclame « A woman is somebody, not some body ». Une autre pièce arbore l’inscription « Visions » contrastée par des regards cernés de rouge ou par des lentilles noires, énigmatiques et affirmées.

Sa palette est volontairement réduite — noir, blanc, rouge et argenté — pour mieux concentrer le propos. Jeanne Friot déconstruit, fluidifie, mais surtout, résiste. Sa vision résonne aussi dans le podcast Les Gens de la mode, où elle prend la parole dans l’épisode « QUEER », soulignant son engagement sans compromis.

Juun.J, maître du street tailoring

Présente à Paris depuis 2007, la marque sud-coréenne Juun.J est devenue une référence du street tailoring. À la croisée de la rigueur classique et de l’expérimentation graphique, le label compose des silhouettes volontairement déstructurées.

Pour la saison automne-hiver 2025, Juun.J joue sur les volumes extrêmes et les superpositions. Les cols s’entrelacent, les pantalons semblent en apesanteur, comme si deux corps coexistaient dans un même look. Une fusion des contraires, maîtrisée et assumée.

Qu’il s’agisse de denim ou de flanelle, le tailoring est travaillé avec la précision du costume traditionnel, mais poussé dans ses retranchements formels. Le tout dans une palette sobre — noir, gris, blanc — qui laisse place à la forme plus qu’à la couleur. Comme chez Jeanne Friot, le casting est mixte, preuve que la binarité n’a plus sa place sur les podiums.

Le prochain défilé parisien confirmera-t-il cette quête d’équilibre instable ? Réponse en juin.

Louis Gabriel Nouchi : sensualité sous contrôle 

Révélé pour ses collections inspirées de romans — Bel-Ami de Maupassant, L’Étranger de Camus — Louis Gabriel Nouchi cultive une approche cérébrale et sensuelle de la mode masculine. Son style : une rigueur de coupe, une liberté de ton, et une profonde inclusivité.

Il marie le tailoring affûté à la douceur des drapés, emprunte les transparences à la lingerie, les découpes aux robes, sans jamais verser dans la caricature. Le noir, omniprésent, devient sa couleur manifeste. Une manière de sublimer le corps masculin, dans sa pluralité et sa vulnérabilité.

LGN s’adresse à toutes les identités de genre, et revendique un vestiaire fluide, mais structuré. Son passage dans Les Gens de la mode vient confirmer sa stature dans le paysage contemporain, tout comme sa récente collaboration avec Puma.

Willy Chavarria, sacrément politique 

En janvier dernier, Willy Chavarria a marqué les esprits avec un premier défilé parisien retentissant. Le créateur américain d’origine mexicaine a transformé l’American Church en lieu de revendication, réunissant Honey Dijon, J Balvin ou encore Paloma Elsesser autour d’un plaidoyer pour la tolérance.

Son travail célèbre les communautés chicanas, les héritages queer, les marges qu’on invisibilise souvent. En réaction à la montée des lois anti-immigration et anti-LGBTQ+ aux États-Unis, il oppose un vestiaire fort, poétique et subversif.

Alors qu’il fête les 10 ans de sa marque et figure parmi les finalistes 2025 du prix ANDAM, Chavarria entend continuer à défiler à New York comme acte de résistance. Mais Paris lui tend désormais les bras. Son retour sur les podiums européens, prévu en juin, est déjà très attendu.

Il faudra compter sur lui en juin, avec un nouveau show qui s’annonce déjà incontournable.

Ziggy Chen : racines textiles 

Le créateur shanghaïen Ziggy Chen, fondateur du label éponyme, conçoit ses collections comme des fragments de mémoire textile. Sa proposition est empreinte de poésie, de lenteur, de contemplation. Pour l’automne-hiver dernier, il déployait une palette de tons sourds et patinés — vert mousse, violet fané, gris poussiéreux — évoquant le passage du temps et l’impermanence.

Les coupes sont amples, les matières texturées, les imprimés discrets mais évocateurs. À mi-chemin entre artisanat et abstraction, le vestiaire de Ziggy Chen semble flotter entre plusieurs temporalités, et touche à une forme d’élégance instinctive.

Son défilé à venir promet de prolonger cette exploration sensible, entre tradition chinoise, esthétique européenne et narration personnelle.

Article par Julie Boone